Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AURUM CORONARIUM

AURUM CORONARIUM

AURUM CORONARIUM. I. Il arrivait souvent sous la république romaine que les alliés de Rome, ou que les peuples vaincus eux-mêmes, en reconnaissance de la clémence d'un vainqueur, décernaient aux généraux romains des couronnes d'or destinées à orner leur triomphe 1 Quelquefois même le proconsul taxait les provinciaux, pour faire bâtir en son honneur un monument ou une statue 2. Au fond, il y avait là une abondante source d'exactions au profit des gouverneurs de pro vince 3. César, après avoir terminé la guerre civile, se fit offrir par les rois et les princes alliés, et même par les citoyens de Rome, des couronnes d'or qui n'étaient qu'un impôt déguisé et rendu nécessaire par la pénurie du trésor 4. AUR 579 AUR II. Les villes d'Italie décernèrent à Auguste des couronnes d'or'; en 29 av. J.-C., il leur fit remise à ce titre de 35,000 livres d'or, ainsi que l'atteste son testament, conservé en partie par le monument d'Ancyre ; mais il reçut l'aurum coronarium des provinces'. C'était une des ressources extraordinaires du fisc ou trésor des princes [viscusl. I1 devint d'usage d'exiger cet impôt à l'occasion de l'avénement de l'empereur, d'une victoire, ou de tout autre événement heureux pour l'empire. Caracalla imagina des triomphes sur les Germains pour se faire décerner des couronnes d'or qui dès lors étaient payées en deniers comptants 3. Il est encore question de l'aurum coronarium sous l'empereur Claude 9, et sous plusieurs autres empereurs 1Ô. Tertullien mentionne aussi les corQnae provinciales 1t, et Godefroy, dans ses paratitles sur le code Théodosien, a rassemblé de nombreux exemples de pareils dons à une époque postérieure l3. Le plus souvent c'était un impôt forcé, comme le prouve une constitution de Julien 13, qui défend de l'exiger à ce titre des sénateurs et de tous autres. Cependant, pour les sénateurs, il s'établit ensuite un impôt L'auront coronarium se transforma vers la fin du Ive siècle en une contribution spéciale sur les curiales ou décurions 14 des villes municipales, exigée dans des circonstances consacrées par un usage traditionnel. Des legati étaient envoyés à l'empereur pour lui porter l'aurum coronarium 15 des cités. On appelait encore aurum coronarium, un impôt que les Juifs 16, après la chute de Jérusalem, payaient à leur patriarche universel indépendamment du didrachme (SfSp%/ aov) qu'ils devaient à l'empereur, pour être autori sés à vivre sous leurs propres lois. Après que les patriarches eurent cessé d'être nommés, Valentinien III contraignit en 426 les Juifs à payer au trésor l'aurum coronarium, sous le titre de canon anniversarius. G. HUMBERT.